« Ca sent les tartines grillées par ici » me dis-je en arrivant chez Marie Guillaume Jeanne et Zoé ce matin là. La porte s’ouvre et je découvre alors des cheveux ébouriffés, des pyjamas rayés, des yeux mi-clos et une odeur de café, normal, c’est samedi matin et en plus il est tôt, trop tôt.

D’habitude le samedi matin on reste au lit, on se lève tranquille, le petit déjeuner dure 3 heures à grand coup de Scoubidou ou de Spiderman, on se ressert 15 fois du café, on souris en déjeunant avec les enfants qui racontent leur semaine d’école avec les coudes sur la table.

Oui mais là, c’est Pop-up, la formation dispensée par la belle équipe du collectif Joyeux Bazar, « en immersion totale pour photographier les familles à partir de 8h » qu’elles nous ont dit, nan mais tu y crois toi ? C’est vrai qu’en plus la veille, on a pas mal discuté, trop, c’est toujours trop quand il faut se lever tôt. Oui mais, c’était bien, il y avait les amies et il y a eu de belles rencontres aussi, des échanges, des images (et encore des images), des conseils (et encore des images), un peu de vin (et encore des images), mais pas de sardines (comprenne qui pourra).

Il est donc 8h et les tartines font croc-croc et shrakkkk en étalant le beurre, elles sont brulées, il n’y a rien à faire, c’était bien ça l’odeur. « Mais c’est pas grave Maman, je vais prendre un vieux cookie, ils sont très bons » dit Jeanne tendrement.

Les regards doux s’échangent, Maman remet tendrement les cheveux de Jeanne en ordre, Papa câline Zoé qui à vraiment mal aux dents, on ferme les yeux de plaisir à la première gorgée de café, on en a tous besoin. Il n’y aura pas de tartines ce matin, mais il y a de l’amour alors…

Je suis donc la, curieuse comme une souris, attentive et tous les sens en alerte pour bondir à la première bêtise, aux gestes attendris, aux dessins offerts avec coeur, à la culotte enfilée à l’envers, aux moustaches de chocolat, au pshitt de parfum dérobé à maman…

Je suis donc la pour raconter, pour documenter ce quotidien juste simple et extraordinaire. Je vous entends déjà, qu’est ce qu’elle pourrait bien raconter chez nous ? Et bien tout ! Tout ce qui mérite d’être sauvegardé du temps qui file, votre vie, vos petites habitudes, les gestes que vous faites inconsciemment et qui montrent tout, la chambre des enfants, le Canva de Mamie (bon celui la si on pouvait l’oublier), la boite de couture dans laquelle on aimait fouiller, comme le tiroir aux affaires qui servent à rien, et dans lequel tu retrouves une vieille clé, une boite à dent de lait, des miniriquiquis crayons de papier (qui peuvent servir bien sur !).

Ces photos simples du quotidien réveillent en moi des tas de souvenirs, j’entends le grincement du vinyle en début de course, je me rappelle de l’odeur des crayons de couleur et de la pâte à sel, l’effet du bois qui vient tout juste d’être poncé par Papa en y passant ma main…

Et c’est à ça que je pense quand je réalise alors ce documentaire pour Jeanne & Zoé, pour Marie & Guillaume.

Si cette famille passait par hasard par ici ! Je voulais leur dire un grand merci de m’avoir ouvert leurs portes avec autant d’authenticité.